Avant, il n’y a pas si longtemps, voler en Europe était à la fois simple et compliqué. Compliqué, parce que piloter un avion n’est jamais une entreprise facile, mais plutôt une discipline exigeante.
C’est cette exigence, dont l’aboutissement est la sécurité, qui fait que nous, les pilotes, privés ou non, sommes une population un peu particulière : personne n’est soumis à autant de réglementation que les aviateurs.
Nous passons des brevets, des licences, des qualifications, des visites médicales, nous nous remettons en cause, le système nous remet en cause…
Nos avions, eux aussi, sont surveillés, comme aucun véhicule ne l’est.
Donc, nous devrions vivre heureux et tranquilles, et tout devrait alors être simple puisque nous obtempérons, de bonne grâce.
Mais la vie quotidienne d’un pilote européen, en ce début du XXIème siècle, démontre qu’au contraire « simple » est un mot qui n’appartient plus au vocabulaire aéronautique, ne serait-ce qu’à cause d’un environnement administratif qui n’est pas des plus limpides.
Il se complique même constamment, au point qu’on peut légitimement se demander s’il existera toujours, dans quelques années, une aviation générale européenne de qualité et d’une dimension cohérente avec la réalité du vieux continent.
Nous, les aviateurs, voyageons beaucoup.
Nous allons par exemple souvent aux États Unis, et de chaque voyage nous revenons amers.
Car ceux d’entre nous qui volent là-bas retiennent l’exemple d’une nation qui non seulement accepte pour ses citoyens l’exercice de la liberté de se déplacer par le ciel, mais l’encourage de mille manières.
Deux poids, deux mesures
Deux poids, deux mesures de part et d’autre de l’Atlantique : l’ambiance technique et réglementaire dans laquelle le pilote européen est amené à voler est de plus en plus contraignante, et s’oppose à l’exercice de cette liberté, fondamentale selon la loi elle-même.
Mais attention, pas d’angélisme.
Les apparences sont trompeuses : les aviateurs américains ne vivent pas dans un paradis éthéré, un monde parfait. Ils ont toujours été confrontés, dans leurs relations avec l’administration, à des problèmes complexes, et ils ont très vite appris, dans la tradition politico-culturelle de leur nation, à appliquer à l’aviation générale les règles du lobbying.
Pour cela, ils ont fondé voici déjà bien longtemps l’AOPA…
Pour cela, ils ont fondé voici déjà bien longtemps l’AOPA… A travers cette association, ils se sont battus, se battent encore, et partent du principe qu’il n’y a pas de problèmes, mais des solutions. Ils sont réalistes.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus des pilotes français, anglais, allemands, espagnols… Nous sommes des pilotes européens, et nous avons hérité, dans chacun de nos pays, d’une AOPA nationale mise en place autrefois sur le modèle américain.
Si nous nous comptons, nous découvrons que nous sommes plus de 200.000 citoyens d’Europe à posséder une licence nous permettant d’exercer notre liberté de mouvement par les routes du ciel.
C’est énorme !
Le ciel d’Europe est notre ciel.
Il n’appartient pas en exclusivité aux compagnies aériennes, qui en font commerce.
Ni aux forces aériennes.
Il appartient à tous, y compris aux citoyens que nous sommes.
Nous sommes plus de 200.000, et ce nombre ainsi que le poids intellectuel et économique de cette vaste population font que Bruxelles, et tous les gestionnaires de cette Europe qui se fait, devront prêter attention à nos remarques et nos demandes.
Si nous ne prenons pas la mesure de ce que nous sommes, et si nous ne mettons pas en place une structure à la mesure de cette puissance, nous serons un jour amputés de nos ailes.
L’exemple américain l’a démontré largement, le passé de chacune des AOPA nationales européennes l’a déjà prouvé, l’union fait vraiment la force.
L’union de plus de 200.000 aviateurs d’Europe pourrait faire du ciel de notre continent un modèle d’harmonie et de respect des valeurs et traditions de l’aviation.
Le futur se trouve dans nos adhésions.
Volez prudemment.